LA ROSERAIE : des photos inédites de l'hôtel-hôpital de Bidart
Le Photomuseum de Zarautz (Gipuzkoa) propose une exposition de photos inédites prises peu avant la Deuxième Guerre mondiale à La Roseraie à Bidart. Les organisateurs souhaitent montrer ces documents au Pays Basque nord.
Le Photomuseum de Zarautz, près de Saint Sébastien, accueille l'exposition « Odisea 1937 » jusqu'au premier décembre. Il s'agit de documents inédits et de photographies prises à Bidart, à l'hôtel La Roseraie un des plus beaux sites Art Déco de la Côte Basque.
À la fin des années 1930, en pleine guerre civile espagnole, à l'initiative du premier gouvernement autonome basque d'Euskadi présidé par le lehendakari José Antonio Agirre, cet hôtel a été transformé en centre hospitalier afin d'y accueillir les blessés et les femmes enceintes fuyant le franquisme.
Une exposition inédite
La collection de documents et de photographies qui est présentée publiquement pour la première fois a été conservée par le combattant basque Federico González Santiago. Blessé à Bilbao en 1937, il a été transféré à Santander puis aux Asturies. Fuyant l'avancée de l'armée franquiste, comme de nombreux basques du sud, il est transféré à Bordeaux puis à Bidart.
L'exposition peut être visitée jusqu'au premier décembre, du mardi au dimanche, de 10 heures à 14 heures et de 17 heures à 20 heures.
Aitor Miñambres et Mauro Saravia, commissaires de l'exposition organisée par le département des droits de l'homme de la Diputación Foral de Gipuzkoa, espèrent que cette exposition aura l'occasion d'être présentée au nord des Pyrénées. Aitor Miñambres (Bilbao, 1969) est le directeur du musée commémoratif des fortifications de Bilbao à Berango, et Mauro Saravia (Viña del Mar, 1982) est journaliste, photographe et professeur au Centre de photographie contemporaine de Bilbao.
La Roseraie, l'histoire de l'exil
Entre mai et octobre 1937, 116 000 basques du sud arrivent dans les ports de Nantes, Saint-Nazaire, Bayonne et Saint Jean de Luz. En juin 1937, le ministre de la Santé du gouvernement basque Alfredo Espinosa est fusillé par les franquistes à Vitoria. Il avait à peine 34 ans. Le conseiller des Finances Eliodoro de la Torre s'occupe alors également de la santé et supervise La Roseraie.
Entre 1937 et 1940, 1 600 civils y sont accueillis. Des dizaines de combattants blessés sont décédés à La Roseraie et des dizaines personnes y sont nées, parmi elles l'inoubliable conteur, acteur et chanteur Ugutz Robles Aranguiz Bernaola! Son père étant député EAJ-PNV (parti démocrate basque) et fondateur du syndicat ELA, sa famille avait dû fuir Bilbao.
En 1938, le journaliste Pierre Dumas a écrit "Jamais on ne vit un exil mieux organisé" alors qu'un sociologue assure de son côté que "les peuples de droit d'aînesse nous ont donné des exemples dans ce domaine, mais si l'on songe à la période concernée les basques y excellent".
Pour José María Gamboa, ancien président du collectif Bidasoa, "La Roseraie a été bien plus qu'un hôpital. Il s'agit de la démonstration que le gouvernement d'Euskadi en exil n'a pas abandonné les siens. Cette institution a été bien plus qu'un hôpital car elle constitua une communauté unie et solidaire, avec sa chorale et ses ateliers de formations et d'enseignement, organisée sous l'autorité d'excellents médecins, infirmières et enseignants".
Dès le début de la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement basque se range du côtés des Alliés et propose au gouvernement français la mise à disposition de La Roseraie pouvant accueillir 400 patients.
Le 22 juin 1940, les représentants de la France et de l'Allemagne nazie signent la convention d'armistice. Les combats cessent et deux jours plus tard, les troupes nazies occupent la Côte Basque. L'occupant prend possession de La Roseraie, et la croix gammée remplace l'ikurriña, la drapeau basque.
L'ancien palace, devenu hôpital, est aujourd'hui une résidence d'appartements.