GUGGENHEIM : Peindre sans règles

Le musée de Bilbao présente une rétrospective de l’oeuvre d’Helen Frankenthaler. L’occasion de découvrir l’artiste américaine qui a inventé la technique du tremper-tacher. À voir jusqu’au 28 septembre 2025.

Arantza Bereau

5/7/2025

Helen Frankenthaler (1928–2011) a joué un rôle majeur dans la transition de l’expressionnisme abstrait au color-field painting (littéralement « peinture du champ coloré »). Reconnue pour avoir inventé la technique du soak stain (tremper-tacher) sur laquelle elle expérimente pendant des décennies, l’artiste a conçu un corpus considérable d’oeuvres sur toile et sur papier, ainsi que des sculptures, des céramiques, des tapisseries et des oeuvres graphiques. Ses créations novatrices, présentes dans les collections des plus grands musées du monde, continuent d’inspirer les artistes contemporains.

Née à New York, Helen Frankenthaler a étudié l’art avec une approche classique sous la direction de Paul Feeley, au Bennington College, dans le Vermont, avant de rentrer à Manhattan, où elle s'est tournée vers l’abstraction. Au début des années 1950, elle rencontre les figures phares de l’École de New York, des icônes de l’art américain d’après-guerre qui partagent avec Frankenthaler un engagement en faveur de l’expérimental et qui, dans certains cas, intégreront son cercle social le plus proche.

L’exposition Helen Frankenthaler : Peindre sans règles met en lumière la pratique créative de l’artiste à travers ses affinités artistiques, ses influences et ses relations dans le milieu artistique. Rassemblant une trentaine d’abstractions poétiques signées par l’artiste entre 1953 et 2002, l’exposition comprend également une sélection de peintures et de sculptures de certains de ses contemporains — Anthony Caro, Morris Louis, Robert Motherwell, Kenneth Noland, Jackson Pollock, Mark Rothko et David Smith —, qui viennent souligner les synergies liant ces artistes.

L’exposition trace un parcours chronologique qui commence dans les années 1950 et se termine dans la première décennie du 21e siècle. Chaque section, accompagnée d’un texte explicatif, constitue un chapitre de la carrière prolifique de Frankenthaler. Peindre sans règles rend hommage à l’héritage d’une artiste pionnière qui n’a jamais interrompu sa quête de nouvelles voies de création dans le champ de l'art abstrait.

Cette exposition est organisée par la Fondazione Palazzo Strozzi, Florence et l’Helen Frankenthaler Foundation, New York en collaboration avec le musée Guggenheim Bilbao ; et conçue par le commissaire Douglas Dreishpoon, directeur du catalogue raisonné de Helen Frankenthaler. À découvrir jusqu’au 28 septembre 2025.

Avec 1 301 343 visiteurs reçus en 2024, la direction du musée Guggenheim Bilbao a toujours le sourire. L'exposition la plus visitée a été « Symboles et objets. Pop Art de la collection Guggenheim » et les mois de mai et juin 2024 ont été les meilleurs de l'histoire du musée. Cependant, la fréquentation est en baisse de 2% par rapport à l'année précédente.

Selon la direction du musée 67% des visiteurs proviennent de l'étranger: 16 % des visiteurs sont venus de France, 8 % d'Allemagne, 7 % du Royaume-Uni, 6 % des États-Unis, 5 % d'Italie, 4 % de Catalogne et 4 % de Madrid.

Un véritable moteur économique

- L'activité du musée a rapporté 777,6 millions d'euros.

- En 2024, la contribution au PIB a été de 672,7 millions d'euros.

- Ces chiffres ont généré un revenu supplémentaire pour le Trésor basque de 105,5 millions d'euros.

- L'activité du musée a contribué au maintien de 14 236 emplois.

En ce qui concerne le programme artistique, « Symboles et objets. Pop Art de la collection Guggenheim « est l'exposition qui a reçu le plus grand nombre de visites (882 658), suivie de Yoshitomo Nara (648 237), Martha Jungwirth (549 094) et Hilma af Klint (212 398).

En 2024, 80 192 personnes ont participé aux programmes éducatifs du musée, en personne et en ligne.

À ce jour, 345 185 personnes font partie de Community, la communauté créée par le musée autour de l'art et de la culture : 23 690 sont des Amis du musée ; 321 060 Followers, le moyen gratuit d'établir une relation avec le musée ; et 497 bénéficiaires du programme Erdu, qui offre un accès gratuit au musée pour les personnes sans emploi.

Le niveau d'autofinancement du musée était de 78 % en 2024. Depuis le mois d’avril, Miren Arzalluz remplace Juan Ignacio Vidarte à la direction du musée Guggenheim de Bilbao.

Un quart de siècle de succès

Depuis son inauguration le 18 octobre 1997, plus de 25 millions de personnes ont visité le musée Guggenheim de Bilbao. Les retombées économiques s'élèvent à plus de 500 millions d'euros. Avec un impact économique important également sur l'ensemble des sept provinces du Pays Basque.

Sous la direction de l'architecte canadien Frank Gehry, la construction du musée situé sur les rives du fleuve Nervión-Ibaizabal avait duré quatre ans. Le Guggenheim est le fruit d'un énorme pari et d'un investissement de 130 millions d'euros, financés notamment par le gouvernement autonome basque d'Euskadi. Quelques heures avant l'inauguration du musée, l'ETA avait tué Txema Agirre, un agent de la Ertzaintza la police autonome basque. À proximité de l'entrée du musée où chaque jour se pressent des milliers de visiteurs, une place porte le nom du policier assassiné alors qu'il surveillait les alentours du centre culturel, symbole lui du renouveau du Pays Basque.

Avec plus de 30.000 plaques de titanes, son architecture surprenante et ses expositions d'art contemporain, le Guggenheim a donné un souffle nouveau à Bilbao, une ville industrielle alors en déclin. Durant toute l'année la capitale de la Biscaye accueille aujourd'hui des milliers de touristes venus du monde entier.