GERNIKA : 88ème anniversaire du bombardement
Ce samedi 26 avril, des dizaines de personnes se sont rassemblées sur les places principales de Gernika à l’occasion du 88ème anniversaire du bombardement. Le 26 avril 1937, en collaboration avec les franquistes, les aviations allemandes et italiennes avaient lancé plus de 30 tonnes de bombes sur Gernika tuant des centaines de civils. Les historiens parlent de “répétition générale de la Seconde Guerre mondiale”.


Dès juillet 1936, les habitants de Gernika ont subi également les conséquences du soulèvement militaire sous le commandement du général Franco contre le gouvernement républicain, avec notamment plusieurs arrestations. L’heure est à la mobilisation et des dizaines d’hommes de Gernika deviennent membres de bataillons au service de la liberté et du gouvernement d’Euskadi présidé par le Lehendakari José Antonio Aguirre. La ville biscayenne accueille également de nombreux habitants de la province du Gipuzkoa tombée peu à peu aux mains des franquistes.
Le 31 mars 1937, Durango en Biscaye est bombardée. Par crainte, les habitants de Gernika construisent alors un peu partout dans la ville des refuges, qui sont toujours visibles, notamment sur la place Pasialeku.
Ces refuges qui ressemblent à de petits bunkers auront une importance capitale le 26 avril 1937. C’est un lundi, jour de marché. Des centaines de personnes se trouvent dans la ville où depuis des siècles des représentants de toute la province de Biscaye se retrouvent près de l’emblématique chêne de Gernika, symbole des libertés du peuple basque.
L’horreur du bombardement
“Le bombardement a commencé à 15h45 et a duré près de quatre heures. Dès midi nous étions déjà très inquiets à cause du passage de nombreux avions. Dès le début de l’attaque certains ont fui vers la montagne, vers des forêts ou les villages alentours. À l’intérieur des refuges nous avions du mal à respirer. Lorsque nous sommes sortis de ces refuges et des caves, nous avons découvert l’horreur. Toute la ville était en flamme et tout était détruit. Nous avons eu très peur. L’incompréhension et la stupeur étaient totales” assurent les survivants du bombardemenet de Gernika et dont les témoignages sont présentés au musée de la Paix, en face de la mairie.
Pendant quatre heures, la Légion Condor nazie et l’aviation italienne fasciste ont lancé 31 tonnes de bombes sur Gernika. 85% des bâtiments sont totalement détruits et l’incendie n’a pu être maitrisé que plusieurs jours plus tard.
Jose Labauria le maire de l’époque, démocrate basque EAJ-PNB, parle de plus de mille morts. 450 de ces victimes se trouvaient dans un refuge. Le gouvernement d’Euskadi avance le chiffre de 1 654 victimes. L’identité de certaines victimes n’est toujours pas connue et le chiffre exact de morts n’a pu être déterminé. De nombreux corps se trouvaient sous les décombres qui ont été retirés jusqu’en 1941.


La répression contre les habitants de Gernika
Trois jours après le bombardement de Gernika, l’unité franquiste dénominée requetés, des unités de marocains, d’allemands et d’italiens entrent dans la ville. La répression commence alors contre les républicains et les patriotes basques. L’usage de la langue basque devient totalement interdit. L’occupant n’hésite même pas à souiller l’église Santa María.
Lors du bombardement, les fascistes avaient minutieusement évité de détruire les fabriques d’armes de la ville, l’emblématique Casa de Juntas et l’arbre de Gernika. Ils ne voulaient pas heurter les quelques navarrais qui collaboraient avec les franquistes mais restaient attachés aux fors et coutumes du Pays Basque.
Les fascistes minimisent l’attaque contre la population civile et reprochent aux “rouges-séparatistes” d’avoir incendié Gernika. Les mensonges et la propagande font face aux récits de près de 40 témoins internationaux présents à Gernika, parmi eux le journaliste George Steer. Grâce à ses articles publiés dans The Times, le britannique a fait savoir au monde entier l’horreur subie par les habitants de Gernika.
“José Antonio Aguirre ment. Nous autres avons respecté Gernika, comme nous respectons tout ce qui est espagnol” assure Francisco Franco. Quelques jours après la fin de la guerre civile, le dictateur osera même s’auto-proclamer fils adoptif de Gernika.
Ce samedi 26 avril 2025, au sons des sirènes de l’époque, des dizaines de personnes se sont rassemblées à Gernika à l’occasion du 88ème anniversaire du bombardement. Objectif: rendre hommage aux victimes, ne jamais oublier, et revendiquer la paix partout dans le monde, notamment à Gaza.









