Clap de fin pour Saint Sébastien et son Zinemaldia
Le documentaire taurin "Tardes de soledad" d'Albert Serra a reçu ce samedi soir la Coquille d'Or du meilleur film. Pendant une semaine, la 72ème édition du festival international du cinéma s’est emparé de la capitale du Gipuzkoa, avec notamment la visite de Pedro Almodovar, Pénélope Cruz, Javier Bardem ou Jamie Campbelle Bower.


Tel un torero, Albert Serra est arrivé dans les arènes du Kursaal et a donné l'assaut, sortant victorieux par la porte principale avec une coquille d'or qui a un goût de gloire après une belle polémique. Elle a éclaté dès que le réalisateur catalan a fait part de son intention de réaliser un projet sur la tauromachie. Aussi, elle s'est amplifiée avec la demande du Parti animaliste pour l'environnement (Pacma) de retirer son documentaire de la programmation du festival de Saint-Sébastien parce qu'il « humanise une pratique violente ».
Avec le soutien inconditionnel de l'événement dirigé par José Luis Rebordinos, Albert Serra a remporté le prix convoité pour sa première participation au festival Zinemaldia avec Tardes de soledad, un documentaire qui pénètre dans le monde de la tauromachie et qui a été très bien accueilli par la critique spécialisée lors de sa première projection. « Je tiens à remercier le jury et le festival d'avoir sélectionné mon film et ses protagonistes pour leur ouverture d'esprit et leur accessibilité. Il faut les remercier d'avoir pu approcher ce degré d'intimité, avec des personnes tout à fait uniques », a-t-il déclaré. Le réalisateur de Pacifiction et La mort de Louis XIV affirme que « le film a un côté authentique que l'on ne retrouve pas dans tant d'autres et que seuls les films d'auteur, avec un caractère un peu audacieux, peuvent approfondir le sujet».
Habitué du festival de Cannes et auteur d'un film d'auteur plus admiré à l'étranger qu'en Espagne, le travail d’Albert Serra a été reconnu par un jury présidé par Jaione Camborda, lauréate l'an dernier pour O Corno, grâce à son approche artistique très personnelle du monde de la tauromachie à travers le torero péruvien Andrés Roca Rey.
Le catalan a suivi l’américain comme une ombre pendant plusieurs corridas, filmant ses émotions avant et après avoir affronté le taureau, capturant chaque rituel, ce qui se passe en coulisses et la masculinité de sa grade rapprochée, sans éviter les gros plans sanglants sur la souffrance de l'animal. « Le jury a reconnu le pouvoir artistique qu'il donne au spectateur de juger, ainsi que le pouvoir de l'art de générer du mouvement et le fait qu'il s'agit d'une œuvre qui nous permet de réfléchir aux limites de la création artistique, à la peur, à la brutalité, à la tradition et à la masculinité », a reconnu Jaione Camborda.









