1945-2025 : ne jamais oublier

Le Pays Basque nord commémore ce jeudi la capitulation nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. 80 ans après le nombre de basques morts ou déportés pendant le conflit n’a toujours pas été déterminé.

Franck Dolosor

5/8/2025

Chaque 8 mai, comme dans une grande partie de l'Union Européenne, les 158 communes du Labourd, de Basse-Navarre et de Soule commémorent la capitulation nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Au cours de ce conflit, 60 millions de personnes avaient perdu la vie, parmi elles des centaines de basques. 80 ans après le nombre exact n'a pas encore été déterminé.


Quelques semaines avant la fin du conflit, le Bataillon Gernika avait participé à la libération de la Pointe de Grave dans le Médoc. Sous les ordres du commandant Kepa Ordoki originaire d’Irun et du gouvernement basque d’Euskadi en exil et du Lehendakari José Antonio Agirre, des dizaines d'hommes originaires du Gipuzkoa, de la Biscaye, de l'Araba et de Navarre, qui avaient fui le régime franquiste, s’étaient battus contre les nazis en France. Cinq d'entre eux avaient perdu la vie. Et comme le rappellent les monuments aux morts érigés un peu partout dans tous les villages du Pays Basque nord, ils ne furent pas les seules victimes.

Les nazis au pays des basques


Fin juin 1940, les allemands arrivent au Pays Basque et parmi leurs premières décisions, ils ordonnent que tous les drapeaux français soient retirés et remplacés par le drapeau nazi, un symbole qui restera en place jusqu'en août 1944. Pendant quatre ans, ils occupèrent une grande partie du Labourd et de la Basse-Navarre, période pendant laquelle ils agirent notamment contre la population juive. Soixante juifs de Bayonne furent envoyés dans les camps d'extermination.



En plus de réquisitionner les biens de la population civile, les occupants s'invitaient aussi à manger chez eux. À Hendaye, il y a quelques années Estefana Irastorza se souvenait du jour où les soldats allemands avaient demandé qu'au lieu de leur servir du poulet ou de la poule, on leur donne un coq à manger. La jeune fille, qui avait une dizaine d'années à l'époque, a compris bien plus tard que l'intention des nazis était de sacrifier l'animal symbole de la France.



Pour faire face à l'occupation, de nombreux basques du nord ont choisi de rejoindre des réseaux de résistance et beaucoup ont joué le rôle de mugalaris pour faciliter l'évasion de milliers de Juifs, d'alliés et d'hommes qui ne voulaient pas participer au STO, le Service du travail obligatoire.

Au cours des années 1940, les Pyrénées sont devenues une véritable voie d'évasion grâce à l'aide, entre autres, de passeurs locaux qui connaissaient mieux la région que les occupants. Cependant, les allemands parviennent à capturer plus de 3 500 personnes qui tentent de fuir vers la péninsule ibérique. C’est l’histoire d'un jeune homme de Saint-Jean-de-Luz, contraint de participer à la construction des bunkers du Mur de l'Atlantique, que l'on peut encore voir encore aujourd'hui sur les plages entre Hendaye et Anglet. Capturé alors qu'il tentait de fuir le STO, les nazis l'envoyèrent dans un camp de concentration où il est mort à l'âge de 18 ans...


Ci dessous, un casque oublié par un soldat allemand retrouvé dans un atelier à Mauléon et donné à l’association Ikerzaleak. À voir aussi le drapeau basque aux côtés du drapeau français en hommage au bataillon Gernika à Saint Jean de Luz lors des commémorations du 8 mai il y a quelques années.